Le city Hall. Un grand bâtiment entouré de grands bâtiments. Une ville tournée vers le ciel dont les habitants même ne voient jamais la couleur. Ou si peu… Gabriel tournait son regard vers la petite forme géométrique découpée sur le tissu céleste, entre trois hauts buildings. Ses oreilles étaient closes au monde, son esprit s’embuait toujours plus de la vision tranquille. Un klaxon lui vrilla soudain les tympans, il sursauta brusquement dans l’habitacle du 4*4. Le feu venait de passer au vert. Il revint à la réalité pour écraser la pédale de l’accélérateur. Par intervalles régulières, il jetait des coups d’œil à son bout de ciel qui progressivement s’élargissait. Il sortait d’un quartier pour entrer dans un autre, c’était évident. Les immeubles étaient plus espacés, il vit se détacher sur la ville le bâtiment caractéristique du city hall. Aucune de ces questions mystérieuses ne le torturait, alors qu’avant de prendre le volant, il les tournait sans cesse dans son esprit. La conduite, l’un des meilleurs moyens qu’il connaissait pour se détendre. Rien ne servait plus de penser, juste passer les vitesses, tourner le volant de droite et de gauche, accélérer…
Mais toute bonne chose a une fin, et de nouveau les questions revinrent lorsqu’il sortit de la voiture. Un coup d’œil à sa montre lui indiqua 2 : 25 pm. Juste à l’heure. Heureusement qu’il avait prévu d’avoir des soucis de circulation. Autour de lui, on parlait Allemand ou Japonais, il voyait des appareils photo et des casquettes comme autant de pancartes ‘touristes’ collées aux passants. Tant mieux. Plus il y aurait de gens autour de lui, plus il serait en sécurité. Et puis, sa ‘partenaire’ de la journée devait déjà être arrivée. Non pas qu’il ait peur, il était plutôt du genre à détester tous ces préparatifs, mais il voulait des réponses et serait ainsi plus apte à les tirer à lui.
Il quitta donc la rue et son vent frais pour s’engouffrer dans le bâtiment. Ici aussi, des visages inconnus. Gabriel les vit à peine. Il poursuivit sa route sous l’imposant éclairage du hall, avant de s’intéresser enfin au monde. Dans sa poche, son portable venait de vibrer. Il le sortit pour effacer l’appel tout en promenant son regard sur les têtes. Il remarqua la tignasse blonde et s’en désintéressa aussitôt pour rechercher son véritable rendez-vous. Il remarqua un photographe qui, de dos, avait la même corpulence que le jeune homme et s’approcha. Sur le coup, il se demanda s’il arriverait vraiment à le retrouver… Gabriel s’apprêtait à poser une main amicale sur l’épaule inconnue lorsque celle-ci se tourna vers lui. Surpris, il leva les yeux pour tomber nez-à-nez avec Nathan. Gabriel sourit posément avant de tendre finalement sa main vers le jeune homme.
« Salut. Content de t’avoir trouvé rapidement. T’attends depuis longtemps ? »
Il s’était préparé à retrouver sa mauvaise humeur habituelle, mais d’un seul coup les questions semblaient moins troublantes. L’’ennemi’ avait décidément un visage bien amical, et Gabriel se souvint comme il avait apprécié leur première rencontre. Impossible que ce type-là lui veuille du mal…
Dans cette histoire, la vieille femme maintenait un avis tout à fait neutre et distant. Elle n’interviendrait pas, ne ferait qu’observer très attentivement les gestes, les paroles. Rien ne lui échapperait.