Mlle O'Gallagher nous vous attendions !

L'avion s'était posé sur la piste de l'Aéroport international de Los Angeles vers dix-neuf heures, le ciel gris de la Californie ne laissait aucun doute sur le temps de la soirée, la pluie ne tarderait pas à s'abattre sur la ville très prochainement. Laria s'était prêtée au jeu des formalités avec patience pendant près d'une heure, occupant le temps à relire son guide sur la ville et revoir son itinéraire pour parvenir jusqu'à la maison mère du Talamasca. Effectivement, la jeune fille comme à son habitude avait notifié avant son départ qu'il était inutile de lui allouer un chauffeur pour la conduire jusqu'à Santa Monica, car elle préférait y parvenir par ses propres moyens. Question de principe !

Une fois ses bagages récupérés et la clef de sa Saleen S281 Supercharged Cabriolet 2006 en poche, elle suivit l'employé de la compagnie de location de voiture de l'aéroport jusqu'à son petit bolide blanc, échangea quelques paroles avec le jeune homme puis le remercia. Une fois seule, elle laissa ses doigts parcourir la carrosserie d'un blanc cassé, il lui tardait de se mettre au volant de cette merveille. Après avoir mis ses valises et son sac dans le coffre, le ronronnement du moteur masqua les différents bruits de l'aéroport.

[...]

Elle filait à vive allure sur San Diego Fwy, la circulation n'était pas très dense, mais la pluie commençait à tomber avec violence sur la route. Elle dut ralentir sa vitesse considérablement, les essuie-glaces fonctionnaient au maximum, le paysage était flou. Le temps gâchait sa bonne humeur, elle aurait préféré rouler cheveux au vent mais c'était impossible pour l'instant, Dame nature n'avait pas voulu lui accorder cette joie.

Maudissant le fait de ne pas savoir contrôler le temps, elle appuya sur le frein avec violence en remarquant qu'elle ratait sa sortie et faillit provoquer un carambolage sur l'autoroute. Le son de différents klaxons lui tapa sur les nerfs alors qu'elle faisait rapidement une marche arrière pour s'orienter sur la bonne voie en marmonnant quelques insultes contre les autres conducteurs.

[...]

Elle parcourait les routes de Santa Monica à la recherche de la maison mère du Talamasca. Voilà maintenant deux heures qu'elle roulait sous l'averse qui faisait rage et dix bonnes minutes qu'elle tournait en rond sans trouver ce qu'elle cherchait. Enfin pour son plus grand bonheur, la maison mère se dressa fièrement dans la grisaille environnante, grande, impressionnante, ancienne. Un sourire de soulagement se dessina sur son visage.

[...]

Une femme d'une trentaine d'années l'avait accueillie chaleureusement, les salutations d'usage avaient été échangées et désormais Laria se préparait dans la chambre que l'ordre lui avait accordé le temps de son séjour. Elle se détailla une dernière fois dans la glace, sa chevelure de feu retombait en cascade autour de sa ravissante frimousse, le foulard vert émeraude qu'elle portait autour du cou, illuminait son teint opalin. La petite robe de lin blanc aux manches évasées lui retombait jusqu'à ses pieds, cachant ses petits escarpins blancs, le médaillon reposait au niveau de son décolleté. Elle jeta un regard à Esperanza qui somnolait sur le lit puis quitta la pièce pour se rendre au bureau de Violette Merridew. Elle dût demander son chemin à un membre de l'ordre assez jeune qui fut enchanté de la conduire jusqu'à Miss Merridew. Une fois n'était pas coutume, elle accepta. Elle discuta le long du chemin, se renseignant sur la maison et ses membres, masquant sa surprise quand elle apprit que c'était un vampire qui s'occupait des archives. Un vampire ? Membre de Talamasca ! L'inverse était fréquent, mais ce cas-là, unique.

La porte du bureau en vue, le jeune garçon la quitta pour retourner vaquer à ses occupations, elle hésita un court instant puis frappa contre le bois, trois coups brefs.